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Coronelli International dresse un bilan de la robotique de service en France

Coronelli International, cabinet en innovation industrielle

par Equip'Prod

Coronelli International, cabinet de conseil en innovation industrielle, s’est penché sur la robotique de service et livre son analyse stratégique. Quittant le giron traditionnel des universités et laboratoires de recherche, la robotique de service occupe une place grandissante dans notre quotidien via des start-ups innovantes, une actualité foisonnante et une prise de conscience par les autorités des enjeux industriels et sociétaux. Pour autant, la révolution annoncée est-elle aussi rapide qu’espérée, face aux nombreux défis à relever ?

ITW - photoÉquip’Prod   

Quelle place occupe aujourd’hui le robot (d’une manière générale) dans la société ?

La robotique de service est déjà installée dans la vie quotidienne, à des degrés divers, à l’exemple de l’aspirateur automatique. Mais la frontière technique entre les différents robots (drones, robotique industrielle, jouets, électroménager automatique) est plus ténue qu’il n’y paraît. Coronelli International s’accorde à dire que l’avènement de la robotique de service sera concret et durable lorsque les robots humanoïdes multifonctions permettant l’assistance à la personne seront commercialisés.

Technologiquement, où en sommes-nous ?

Ces vingt dernières années ont vu naître de nombreuses réalisations japonaises ainsi que des travaux plus récents des firmes et universités américaines et européennes. Les entreprises s’intéressent désormais aux humanoïdes. De plus, ces recherches accélèrent également l’accès au grand public. Les robots d’Aldebaran Robotics offrent des perspectives prometteuses en termes d’interactions homme-machine, tandis que le robot Asimo de la firme Honda fait preuve de capacités motrices impressionnantes.

Ce dernier est pourtant encore loin d’un robot assistant complet : sa principale fonction, outre le déplacement, consiste à verser une boisson correctement. Mais uniquement depuis une bouteille bien précise, enregistrée dans sa mémoire et parfaitement identifiable. Le célèbre humanoïde japonais HRP-2, peut effectuer un assez grand nombre de tâches domestiques mais chacune a demandé de longs mois de programmation et d’optimisation sur les plans de la détection et du mouvement. L’existence d’humanoïdes polyvalents et destinés à l’assistance aux personnes âgées ou handicapées reste à ce jour un objectif lointain.

Allons-nous vers un nouveau modèle de développement en robotique ?

Faire fonctionner l’ensemble durablement nécessite l’émergence d’un standard commun, comme ce fut le cas pour le logiciel, le Web ou les applications dédiées aux smartphones. Plusieurs sociétés ou universités offrent déjà en libre accès des outils plus ou moins intuitifs pour le développement d’applications robotiques (l’Open Academic Robot Kit de l’Université Curtin en Australie par exemple ou les outils SDK d’Aldebaran). Des schémas de pièces pour impression 3D sont également disponibles. Le Web offre de nouveaux modèles économiques et des modes de travail collaboratifs. Si la communauté de développeurs mutualisait des fonctions robotiques téléchargeables, cela atténuerait la lourdeur et l’inertie propres aux grosses structures. Ce fourmillement existe déjà avec des outils open source comme ROS, MRPT, NXj ou Urbi, qui permettent de développer des solutions de robotique.

Il reste beaucoup à faire pour une émergence notable de la robotique de service en France. Pourquoi ?

Face aux coûts grandissants de prise en charge des personnes et au vieillissement de la population dans de nombreux pays développés, l’usage de la robotique de service va s’étendre. D’ailleurs le gouvernement japonais encourage fortement la robotique, dans le but de maintenir un maximum de personnes âgées à domicile. Loin d’une robotisation des patients, il faut y voir une alternative aux encadrements lourds traditionnels.

L’installation dans notre vie quotidienne de la robotique de service se fera de façon progressive et  selon les usages. Par exemple, la robotique de surveillance, qui a moins d’impact sur notre environnement propre, présente un développement rapide, au point d’en être au stade de la régulation par les autorités. Tandis que la robotique des humanoïdes, dont la maîtrise complète demande encore des efforts supplémentaires, prend plus de temps.

N° 66 Mai 2015