Les Écoles de production françaises au chevet du recrutement industriel
Ecoles de production françaises
parFace à la pression qui pèse sur l’industrie en matière de recrutement et de compétences (comme dans le monde agricole, l’artisanat ou encore le bâtiment d’ailleurs), les entreprises n’ont pas d’autres choix que de se prendre en main. C’est le cas du réseau des Écoles de production. Focus sur celle du Cotentin qui a ouvert ses portes peu avant la déferlante Covid !
On ne pouvait pas tomber plus mal ! Alors que l’École de production du Cotentin, située à Valognes dans la Manche, ouvrait ses portes en janvier 2020 – donc en cours d’année –, voici qu’elle devait refermer ses portes à peine trois mois plus tard. Mais qu’à cela ne tienne, la demande en compétences dans le domaine de la production industrielle – et tout particulièrement dans l’usinage – étant tellement forte, la crise n’a en rien freiné les ambitions de l’école.
Créée à l’initiative de trois industriels des environs, parmi lesquels Leblanc SA (un fabricant de pièces complexes et à haute valeur ajoutée pour divers secteurs d’activité), l’École d’usinage du Cotentin accueille une douzaine de jeunes âgés de 15 à 18 ans afin de les former aux métiers de l’usinage traditionnel ou à commande numérique dans un département où les entreprises du secteur peinent à recruter.
Un savoir-faire en usinage hors du commun
Forte de douze élèves en 2020 et de douze autres recrutés en septembre dernier, l’École d’usinage du Cotentin tient à rappeler que l’entrée en formation se fait sans qualification particulière. Le recrutement ne repose sur aucun critère lié au parcours scolaire, ou au niveau des connaissances des élèves : celui-ci se base exclusivement sur la motivation, l’existence d’un projet ou la volonté d’en mettre un en œuvre.
L’établissement forme en deux ans au CAP de conducteurs et conductrices d’Installations de production. « Plus précisément, nous formons à l’usinage entre 22 et 23 heures par semaine, le reste des cours étant consacré aux mathématiques, à la géométrie, etc., souligne Arnaud Buret, responsable CFAO chez Leblanc SA. C’est sans commune mesure avec une formation en lycée professionnel. D’autant qu’à la différence des centres de formation académiques, les élèves produisent de « vraies » pièces, lesquelles sont destinées à des clients ».
Pour ce faire, Arnaud Buret précise que l’atelier de l’école n’a rien à envier à un parc de machines d’une petite entreprise de la mécanique ; celui-ci dispose notamment de centres Mazak, DMG Mori et autres CMZ. En ce qui concerne la programmation, idem : « nous utilisons un logiciel de CFAO Mastercam qui nous permet d’apprendre aux élèves à faire du dessin industriel et, in fine, à faire de la programmation sur des parties d’usinage plus complexes » ; une fonctionnalité qui servira notamment à étendre la formation des jeunes vers un Bac Pro en trois ans.
Crédits photos – source : École d’usinage du Cotentin
Les Écoles de production de France : une histoire vieille de plus d’un siècleFortes d’un réseau de trente-cinq établissements à travers la France, les Écoles de Production sont des établissements privés d’enseignement technique, à but non lucratif, reconnus par l’État. Elles proposent des formations variées permettant aux élèves d’accéder plus facilement à un emploi grâce à une formation très technique répondant aux attentes des entreprises. Cette logique, si elle est pleinement d’actualité, ne date pas d’hier. Il faut même remonter jusqu’à 1892, dans le quartier populaire de la Guillotière à Lyon, où un jeune ingénieur de l’École Centrale, Louis Boisard, crée les Ateliers d’Apprentissage de l’Industrie. De nombreuses écoles « libres » ont fait leur apparition tout au long du XXe siècle mais c’est dans les années 90 que le modèle s’est consolidé, d’abord en région Rhône-Alpes puis progressivement au niveau national dès les années 2000 (à Toulouse, Marseille et Lille notamment), pour enfin toucher les régions de la Bourgogne Franche Comté, des Hauts de France, de l’Île de France, de la Normandie et des Pays de Loire. |
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