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Mettre à profit l’industrie du futur pour améliorer la formation

SECO TOOLS

par Equip'Prod

Fraîchement labellisée « Vitrine Industrie du futur », l’usine française de Seco implantée à Bourges met à disposition, outre l’intégration de nouvelles technologies en atelier, l’industrie 4.0 au service de l’homme. Une stratégie payante qui profite aussi à la formation.

Lorsqu’on pénètre dans l’atelier de l’usine berruyère de Seco, devenue un fleuron de l’industrie du futur au sein du groupe Seco Tools, on comprend que l’entreprise a moins de mal à recruter que d’autres sociétés industrielles. Et la récente labellisation en septembre par l’Alliance Industrie du futur va sans aucun doute renforcer l’image de l’entreprise « tout en cassant la vision négative de l’industrie », s’enthousiasme Matthieu Dassonville, directeur de production.

Il faut dire aussi que la société a déjà pour habitude d’organiser des visites de l’usine et de faire intervenir ses collaborateurs afin qu’ils expliquent leur métier. Une initiative clairement orientée vers les jeunes et les personnes en reconversion professionnelle. « Nous avons aussi recours à l’apprentissage – de cinq à six apprentis en permanence en atelier et en conception ». Ces « apprenants » sont ces nouvelles recrues dont le profil n’est d’ailleurs pas spécifiquement « technique » mais ils ont cette volonté et cette capacité d’apprendre ; «  le savoir-être est pour nous plus important que le savoir-faire ou le CV. Notre structure permet d’apprendre dans de bonnes conditions, y compris pour des personnes n’ayant pas de compétences techniques particulières, à l’exemple d’un horticulteur intéressé par une démarche vers l’industrie et qui se révèle être aujourd’hui un moteur dans l’entreprise ».

Enfin, Seco est partie prenante dans le recrutement à travers l’action Poec, la Préparation opérationnelle à l’emploi collaboratif, qui sera lancée en décembre, menée avec l’Afpi et Pôle Emploi. « Pôle Emploi finance l’opération visant à sélectionner des candidats et la formation sera confiée à l’Afpi qui s’engage à les embaucher durant au moins six mois ».

Recourir aux nouvelles technologies pour mieux former

Autre pan de la formation, la transmission des connaissances, un sujet devenu épineux ces dernières années en raison de toute une génération de personnes partant à la retraite. D’où la nécessité pour les entreprises industrielles d’assurer un partage de connaissances. Mais de façon intelligente. Matthieu Dassonville s’explique : « à chaque départ en retraite, nous nous remettons systématiquement en question pour savoir si nous avons toujours besoin de telle ou telle compétence ». Le système de parrainage mis en place permet ainsi de transmettre les connaissances sur les postes et sur l’entreprise en tenant compte des rapides évolutions auxquelles l’industrie doit faire face aujourd’hui.

Les nouvelles technologies offrent dans ce domaine de la formation des outils permettant d’accélérer et de faciliter des tâches auparavant perçues comme des missions chronophages. « L’industrie 4.0 intervient avant tout comme un précieux support, à commencer par les outils électroniques qui nous affranchissent désormais du papier… à condition toutefois que ce ne soit pas compliqué, sinon la tentation de tout ré-imprimer revient vite », tempère le directeur de production. Aujourd’hui, en plus des outils de gestion documentaire des entreprises, une visualisation claire de ce qui est fait ou va être fait est rendue possible ; les tablettes ont pris place au pied des machines, comprenant des bases documentaires mises à jour en permanence comme les programmes des machines-outils afin que les opérateurs de production comprennent – techniquement – l’importance de ces outils et comment tout cela fonctionne. « Cela revient à responsabiliser l’opérateur en lui donnant la main sur la machine mais aussi en lui permettant d’être une force de proposition afin d’améliorer le process  ». Reste à relever le défi du changement, difficilement digéré par une partie du personnel. Embarquer tout le monde à la même vitesse demeure un défi que, pour le moment du moins, seul l’humain associé à de la pédagogie permettra de relever pour « ne laisser personne au bord du chemin ».

EQUIP’PROD  •  N° 104 décembre 2018