Le magazine technique des équipements de production industrielle

Penser dès aujourd’hui à l’avion de demain

ESTACA

par Equip'Prod

Marc Weber, responsable de la filière aéronautique de l’École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (ESTACA – école d’ingénieurs de plus de 1 600 étudiants spécialisée dans l’industrie des transports), veille à ce que les contenus de la formation de ses étudiants et les travaux de recherche répondent aux besoins d’une industrie en pleine croissance. Nous en avons profité pour lui demander de nous donner sa vision de l’avion du futur.

Marc Weber

Marc Weber

Équip’Prod    

Comment travaillez-vous avec l’industrie aéronautique ? 

Marc Weber   

Nous faisons en sorte que les industriels nous fournissent des projets d’études importants, comme c’est le cas avec le projet Euroglider (un planeur biplace de formation initiale à propulsion électrique, simple d’emploi et sans remorque) qui a été réalisé avec Dassault Aviation en partenariat avec l’ensemble des écoles du groupe ISAE. Nous réalisons également, avec l’industrie aéronautique, des projets portant sur du ré-engineering des avions du passé et dont nous retravaillons les plans à partir des outils modernes de CAO. Enfin, nous collaborons aussi avec l’Aéroports de Paris (EDP) et sur des travaux de maintenance aéronautique. Dans ce domaine, l’ESTACA propose une spécialisation Bac+5 sur l’exploitation et la maintenance, ainsi qu’un Mastère Spécialisé® dédié à la MRO.

Quels sont les grands défis du secteur aéronautique ? 

Ils concernent avant tout la réduction de la charge et de la consommation. On assiste aujourd’hui à une course à la légèreté, à l’aérodynamique et à la consommation tout en augmentant les rendements des moteurs et en jouant sur l’auto-dilution : en brûlant le plus d’air possible, on est confronté à la résistance des matériaux. Cela pose donc des problèmes qui incitent à trouver de nouveaux systèmes de refroidissement ou de nouveaux matériaux capables de résister à des températures élevées. En outre, le secteur travaille sur l’efficacité des systèmes de régulation du trafic en raison de l’explosion du nombre d’appareils en vol depuis plusieurs années.

À quoi ressemblera l’avion de demain ? 

Globalement, l’avion de demain apparaîtra d’ici une dizaine d’années, lorsque les flottes de Boeing 737 et d’Airbus A320 devront être renouvelées. Les architectures et les technologies des futurs appareils devront fortement être modifiées. Il reste aux constructeurs et aux aéroports d’anticiper les infrastructures permettant de charger et de décharger des appareils qui auront certainement changé de forme.

Face aux enjeux de la pollution de l’air et de la consommation, viendra un jour où l’on fabriquera peut-être le kérosène sous d’autres formes, à partir d’huiles non minérales par exemple. Il faudra s’y mettre, mais pas avant trente ou cinquante ans. Concernant l’avion solaire, on est toujours confronté à un problème évident de densité qui rend impossible le vol de 800 personnes. Du côté de l’avion électrique, si le kérosène prime encore aujourd’hui – et pour longtemps – il est toutefois envisageable de tapisser les avions de cellules photovoltaïques. Enfin, l’hydrogène présente toujours des problèmes liés au volume malgré la qualité de cette technologie du point de vue de la réaction exo-énergétique.

N° 67 Juin 2015