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Vers une industrie 5.0, combinant technologie, humain et environnement

CETIM

par Equip'Prod

Bien intégré dans l’esprit des industriels, notamment des PME et PMI, le concept d’industrie du futur était jusqu’à présent motivé par des soucis de performance industrielle. À ces priorités s’ajoutent désormais l’humain et l’environnement… signant le passage progressif de l’industrie 4.0 vers l’industrie 5.0.

>> Florence Calero
Spécialiste du Plateau industrie du futur du Cetim, chargé d’accompagner les entreprises dans leur transformation numérique.

Équip’Prod : Florence Calero, qui êtes-vous et quel est votre rôle au sein du Cetim ?

Florence Calero

J’ai travaillé sur la transformation numérique des entreprises et je collabore avec le Cetim depuis plus de vingt ans, avant de rejoindre l’équipe du Plateau industrie du futur du Cetim l’an dernier. Ce département est chargé de l’accompagnement des PME dans ce domaine et met à leur disposition 300 personnes : des architectes chargés de déterminer une feuille de route au regard des enjeux de l’entreprise et des experts pour accompagner leur l’intégration de briques technologiques, ainsi que des partenaires du Cetim. L’objectif est avant tout de franchir avec l’entreprise le fameux « dernier kilomètre » et de passer à l’action. 

Existe-t-il encore des freins à l’industrie du futur, et lesquels ?

Florence Calero

Depuis plusieurs années, nous bénéficions de l’impact positif du Programme 10 000 accompagnements dans l’industrie du futur. On peut dire que les entreprises sont aujourd’hui convaincues malgré les multiples crises auxquelles nous sommes confrontés. Cependant, les grands freins se situent surtout au niveau du recrutement et des difficultés de trouver du personnel qualifié dans les nouvelles technologies tout comme dans l’industrie. Néanmoins, les jeunes recrues étant des « digital natives » facilitent maintenant la situation.

Quelles solutions dites « 4.0 » sont aujourd’hui disponibles sur le marché ?

Florence Calero

Nous recensons environ soixante-dix technologies différentes, certaines très matures, d’autres encore émergentes. Dans tous les cas, celles-ci sont encore très orientées vers la performance de la production avec de nombreux projets en automatisation, en robotique et dans le MES*, systèmes qui vont de pair avec la question de la remontée et l’analyse de données. D’autres technologies telles que l’IA, notamment à travers les jumeaux numériques, font l’objet d’intérêt certain mais nous recommandons toujours de se poser les bonnes questions et de bien identifier les besoins avant de se lancer dans tel ou tel projet.

Aujourd’hui, les entreprises industrielles sont confrontées à un autre problème, celui de l’économie d’énergie. Les technologies dites « 4.0 » sont-elles compatibles avec l’efficacité énergétique ?

Florence Calero

Tout à fait, les deux sujets sont étroitement liés. Et c’est le sens de l’industrie 5.0, au sens européen du terme, qui ajoute à la performance industrielle l’humain et l’environnement. Qu’il s’agisse du procédé de production, de la gestion de ressources et de matières premières, de l’automatisation ou des produits et services proposées par l’entreprise, le but est d’intégrer les technologies les plus sobres et décarbonées possible. Il en est de même pour les logiciels : la data est consommatrice d’énergie ; il faut donc déterminer quelle donnée collecter, à quelle fréquence et comment la stocker de façon plus durable. On ne peut plus, aujourd’hui, investir dans la technologie sans s’interroger sur son impact écologique.

Propos recueillis par Olivier Guillon

* Manufacturing Execution System

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