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La réglementation Reach au cœur des développements des produits Blaser

BLASER SWISSLUBE / CETIM

par Equip'Prod

Depuis son entrée en vigueur en 2007, Reach n’a cessé d’évoluer et d’allonger la liste des substances interdites tout en contraignant l’utilisation de certaines d’entre elles, compliquant la tâche des industries de la mécanique. Du côté des fabricants d’huiles de coupe de haute qualité, on prend la question très au sérieux, à l’image de Blaser Swisslube qui s’est engagé depuis déjà plusieurs années dans des formulations respectueuses de l’Homme et de l’environnement.

>> Les chercheurs Blaser Swisslube testent en permanence leurs produits

Entretien avec Philippe Lacroix, directeur de la filiale France Blaser Swisslube

 Équip’Prod 

Reach a été instaurée pour protéger l’Homme et son environnement.
Qu’en est-il du risque concernant les lubrifiants de coupe ? 

 Philippe Lacroix 

>> L’équipe de laborantin de Blaser Swisslube consulte les fiches de sécurité produits

Dans l’atelier, le lubrifiant peut être en contact avec l’épiderme et les voies respiratoires de l’utilisateur. Composé d’huiles d’origine minérale, végétale ou de synthèse, celui-ci reçoit des additifs qui complètent sa formulation. À titre d’exemple, des substances comme certains biocides peuvent favoriser la libération de formaldéhyde cancérigène pour l’Homme ! D’autres produits dits CMR (cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction) sont concernés par les dispositions Reach car ils peuvent affecter l’utilisateur au niveau de son patrimoine génétique.

Comment Reach affecte-t-il les lubrifiants réfrigérants de Blaser Swisslube ?

PL : En tant que fabricant de lubrifiants réfrigérants, Blaser Swisslube se conforme entièrement aux directives Reach. Nous sommes particulièrement attentifs à toute nouvelle information afin d’être extrêmement réactifs sur les possibles modifications de nos formules. Ce souci de la protection de l’Homme et de son environnement n’est pas nouveau pour nous car il fait partie intégrante de l’ADN de Blaser Swisslube. Cela passe justement par la prise en compte des produits à risque dans la formulation de nos gammes d’huiles entières et solubles, afin de les éviter ou de les limiter au maximum. Pour ne citer qu’un exemple, notre gamme Blasocut, présente depuis plus de trente-cinq ans avec une formulation sans formaldéhyde et sans bore, répond avec brio à toutes les attentes de ces nombreuses législations, tout en respectant les besoins de secteurs particulièrement exigeants, comme le médical.

Que faites-vous lorsque certains ingrédients du lubrifiant réfrigérant sont classés très préoccupants ?

PL : Les substances identifiées comme très préoccupantes avec la classification SVHC (Substance of Very High Concern) sont éliminées. Notre laboratoire en Suisse œuvre en continu pour améliorer la formulation de nos produits et ainsi anticiper les prochaines modifications de qualification des substances chimiques. Un travail de recherche essentiel qui ne se borne pas aux seuls aspects sanitaires et sécuritaires réglementaires, car nous essayons d’aller au-delà. De plus, nous perfectionnons nos formules dans le but d’augmenter la productivité, la rentabilité et la qualité d’usinage de nos clients.

Vos clients justement, que doivent-ils savoir de cette réglementation ? 

PL : Dès que nous recevons de nouvelles informations, nous les transmettons directement à nos clients via les fiches de données de sécurité (FDS). Ces échanges leur permettent de toujours disposer des connaissances les plus récentes sur la conformité de nos produits.

Est-ce que Reach est le seul outil « garant » de la protection face aux risques liés aux substances chimiques ?

PL : En plus de Reach, le règlement relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage (CLP) a pour but de garantir un niveau élevé de protection et d’information sur la santé et l’environnement. Il utilise les éléments d’étiquetage du système général harmonisé (SGH), tels que les pictogrammes, les mots de signalisation ainsi que les mentions de danger et de sécurité. Le règlement CLP définit la manière dont les informations sur les dangers sont transmises dans la chaîne d’approvisionnement. L’un des principaux objectifs du règlement CLP est de déterminer si une substance ou un mélange présentent des propriétés qui conduisent à une classification dangereuse. Dans ce contexte, la classification est le point de départ de la communication des dangers.

Ce règlement CLP est-il régulièrement mis à jour ?

>> Études produit dans le laboratoire Blaser Swisslube

PL : Tout comme Reach, le règlement CLP évolue en permanence. De nouvelles classifications ou limites de concentration sont régulièrement attribuées aux substances. Cela a également un impact sur nos produits. Nous mettons régulièrement à jour nos étiquettes et nos fiches de données de sécurité, afin de respecter la réglementation et de transmettre les informations à nos clients. D’où l’importance de toujours essayer d’avoir des produits avec des contraintes plus restrictives que les obligations réglementaires.

Les clients de Blaser Swisslube bénéficient-ils de Reach et de CLP ?

PL : Absolument ! Chez Blaser Swisslube, nous utilisons Reach et CLP pour mieux connaître les propriétés des produits chimiques que nous utilisons dans nos produits. Ces deux règlements nous permettent de disposer en permanence des dernières informations sur ces produits chimiques. Nous profitons des informations générées dans le cadre de Reach pour éviter ou remplacer les substances hautement dangereuses, telles que les substances CMR et les substances extrêmement préoccupantes (SVHC). Avec l’aide du règlement CLP, nous pouvons transmettre ces informations à nos clients afin de préserver la sécurité des utilisateurs ainsi que l’environnement, tout en les conseillant pour optimiser nos produits dans leur contexte. Dans le but ultime d’améliorer la protection de l’Homme et de l’environnement, Reach et CLP sont nos outils pour choisir la bonne chimie permettant d’y parvenir. 

* La « Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals », soit l’« enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques» est entré en vigueur le 1er juin 2007

Point sur Reach avec Laetitia Benoist, ingénieure Études et prestations au Cetim, en charge des substances dangereuses

Il y a presque quinze ans, Reach* faisait son apparition. Objectif de cette réglementation européenne ? Protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques. En d’autres termes, les entreprises de la mécanique – particulièrement concernées par Reach – devaient désormais stopper l’usage de substances listées par la réglementation, ou les réduire au maximum à condition d’en communiquer la présence (à hauteur de 0,1% de ladite substance dans leurs produits). De la même manière, lorsque les industriels utilisent des solutions telles que des huiles de coupe, ils doivent s’assurer que celles-ci sont bien dénuées de substances « black-listées » ; « il est difficile pour eux, notamment des PME ne disposant pas de service dédié à cette question, de se tenir informés de la liste des substances interdites, d’autant que celle-ci évolue tous les six mois ! Il en est de même de la liste des restrictions et des autorisations qui évolue quant à elle au fil de l’eau, parfois plusieurs fois dans l’année », souligne Laetitia Benoist, ingénieure Études et prestations au Cetim, en charge des substances dangereuses – et notamment de Reach, qui représente le plus gros de son travail. 

Ainsi, Laetitia Benoist accompagne les entreprises afin qu’elles se conforment à la loi, parfois en leur expliquant le fonctionnement de Reach… un travail d’évangélisation qui s’accompagne de quelques conseils ; parmi eux, la nécessité d’entretenir un dialogue régulier avec son fournisseur d’huile de coupe ; « il arrive régulièrement qu’en raison d’une substance désormais interdite le fabricant de lubrifiant doive reformuler son produit. Même s’il en informe l’utilisateur, ce dernier doit parfois adapter son process ». D’où l’importance de bien s’informer et d’être bien accompagné par son fournisseur d’huile de coupe dans l’utilisation saine et productive de l’outil liquide.

Olivier Guillon

EQUIP PROD • N°130 Septembre 2021