Le magazine technique des équipements de production industrielle

Un challenge pour mieux aborder la question de l’industrie 4.0

SKF

par Equip'Prod

Frédéric Ponson, qui occupe la fonction de Global Application Engineering Manager pour l’industrie, a été à l’initiative du premier Challenge SKF pour l’Industrie du futur, organisé en partenariat avec Atos. Il revient sur la genèse d’un projet qui est appelé à se renouveler et sur les ambitions du spécialiste suédois des roulements dans la transformation digitale de ses usines.

Frédéric Ponson

Frédéric Ponson  – son parcours

Ingénieur mécanique de formation et détenteur d’un MBA, ­Frédéric Ponson a travaillé pendant un peu moins de trente années au sein du groupe suédois, à de multiples postes allant de la R&D au marketing en passant par la production et le business développement. Il a démarré sa carrière au centre de recherche SKF aux Pays-Bas avant d’occuper des fonctions orientées R&D et vers les applications d’ingénierie puis d’occuper le poste de responsable de production – une activité complémentaire à ses compétences en R&D – quelques années durant. Frédéric Ponson a exercé des fonctions de business développement, lui permettant d’être à l’écoute des nouveaux marchés et des opportunités d’affaires. Il occupe aujourd’hui le poste de Global Application ­Engineering
Manager pour l’industrie.

Comment est née la volonté de créer ce « Challenge » ?

Le Challenge Industrie du Futur s’appuie sur l’open innovation. L’objectif est le suivant  : construire un écosystème permettant à SKF d’accélérer la transformation digitale de ses usines françaises.

Il s’agit donc d’une initiative nationale ?

Oui. L’idée a germé dans nos services en décembre 2016 et se devait d’être en rupture avec ce que l’on fait actuellement. Il s’agissait au départ d’organiser un hackathon [un événement réunissant un groupe de développeurs pour faire de la programmation informatique collaborative et rapide afin de développer un projet informatique – NDLR]  ;  finalement, nous avons souhaité aller beaucoup plus loin en créant un challenge, c’est-à-dire un événement plus structuré, dans un périmètre limité (national). Nous nous sommes rapidement trouvés sur ce sujet avec le Groupe Atos et nous avons ensemble identifié des thématiques, puis nous avons lancé un appel à projets auprès des start-ups sur le territoire français.

Comment s’est déroulé ce projet ?

Nous avons appris la marche en marchant  ;  il a fallu en effet mettre en place un système en même temps qu’on l’organisait. Nous avons mobilisé des forces au niveau de certains services afin de constituer une équipe projet composée d’une dizaine de membres issus de la communauté R&D, à laquelle s’est joint le personnel du service Communication. Une réflexion a ensuite été menée sur les briques technologiques que nous devions ajouter. C’est à ce stade que nous avons impliqué les directeurs d’usines et des responsables métiers afin de tisser rapidement une équipe transverse. Au mois d’avril 2017, l’équipe projet était prête.

Pourquoi avoir choisi de vous rapprocher d’Atos ?

Atos était déjà en contact avec SKF à travers certaines activités dans nos usines françaises. Lorsque nous avons décidé de rencontrer la direction de l’innovation du groupe français, celle-ci a donné son accord et nous avons pu réfléchir à des thématiques pertinentes liées à l’industrie 4.0.

Quelles sont précisément ces thématiques ?

Nous en avons décelé trois. La première concerne les matériaux et les procédés de production du futur. Cette thématique relève de notre cœur de métier et portera plus concrètement sur le niveau sonore, l’endurance, les performances des matériaux, etc. La deuxième requiert davantage de compétences d’Atos, puisqu’elle s’intéresse à la cyber-sécurité et plus globalement aux data-sciences. Enfin, troisième et dernier thème, celui de l’industrie 4.0 à proprement parler. Il se divise en trois catégories : d’abord les machines connectées et intelligentes, ensuite l’écologie dans l’entreprise ainsi que la réduction de l’empreinte énergétique des usines et, enfin, la place de l’homme au centre de la transformation digitale et de l’usine numérique ; nous sommes en effet convaincus que pour mener à bien cette transformation, nous devons obtenir l’adhésion de tous et intégrer l’expertise de chacun. Ainsi a émergé l’idée de créer un écosystème autour des start-ups.

Quel est le profil des start-ups visées ?

Pour que cela soit plus facilement gérable, nous avons volontairement limité l’appel à projets au territoire français, un appel qui s’est déroulé de mai à juillet 2017. Ceci nous a permis d’identifier les start-ups (environ quatre-vingts) capables de répondre à des besoins métiers dans les trois thématiques précédemment citées en nous appuyant sur la plateforme Agorize puis d’en sélectionner les plus prometteuses. La finale s’est jouée autour des quatorze projets les plus innovants, puis quatre start-ups lauréates ont été désignées par un jury composé de la direction d’Atos, SKF et des Techniques de l’Ingénieur qui étaient également associés à cet événement. Le rôle de ces quatre start-ups sera de nous aider à lever les verrous technologiques en apportant les briques nécessaires, d’abord au sein de l’usine pilote de St-Cyr-sur-Loire, avant d’envisager de répliquer à terme cette opération dans nos autres unités de production, mais aussi d’aller ensuite plus loin dans les services proposés à nos clients. Les premiers retours sont attendus pour le premier semestre 2018.

Après le succès de ce premier Challenge, SKF travaille sur une deuxième édition qui devrait se dérouler d’ici la fin de l’année et s’organiser de nouveau en partenariat avec Atos.

Focus sur les quatre start-ups lauréates

Toutes deux lauréates du Prix Coup de Cœur, les deux start-ups Skeyetech et ­Enovasense interviennent sur des sujets pourtant très différents. La première développe un drone autonome intelligent pouvant être utilisé pour la sécurité des sites industriels. La seconde, Enovasense, a également remporté le prix de la catégorie « Matériaux et procédés du futur  » pour son procédé de mesure de traitement de surface allant de quelques microns à plusieurs dizaines de millimètres ; cette technologie est intégrée à un process de surveillance en ligne.
Objectif  ? Renforcer le contrôle qualité sur les pièces. Deux start-ups ont remporté le prix Data Science & Cybersécurité : on retrouve ­Skeyetech et Tellmeplus pour sa plateforme de « Predictive objects  » visant à automatiser la création de modèles prescriptifs en milieux industriels. Quant à la start-up Energiency, elle a remporté le prix de la catégorie Industrie 4.0 pour son approche innovante des enjeux écologiques de l’industrie de demain. Son logiciel d’analyse de la performance énergétique dans l’usine permet en effet de créer des tableaux de bord afin de remonter les données des capteurs en temps réel sur l’ensemble d’un site industriel et de livrer des recommandations d’intervention dans des temps très courts.

N° 99 mars-avril 2018