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Pour Laurent Clairet, dirigeant d’AMI, « l’avenir du soudage passe par la cobotique »

FRONIUS / AMI

par Equip'Prod

Laurent Clairet dirige AMI (Atelier Métallurgique Industriel Neulise), une entreprise familiale qu’il a créée en 2004. Positionnée en tant que sous-traitant en tôlerie et chaudronnerie, AMI fait face à plusieurs défis, notamment celui de la pénurie de main-d’œuvre.

« Il y a un manque cruel de soudeurs en France depuis trente ans, explique Laurent Clairet. Pour des entreprises comme la nôtre, c’est un véritable problème. On a beau chercher toutes les raisons qui mènent à ces pénuries – le métier est difficile, il fait froid, ça n’intéresse pas les jeunes, ils ne sont pas formés etc. Or ce ne sont pas ces constats négatifs qui vont nous aider à répondre aux problématiques de nos clients. Il n’y a pas de professionnels disponibles, c’est un fait ! Alors plutôt que se plaindre, on a décidé de trouver une solution ». 

La robotique a rapidement été envisagée comme une réponse possible, malheureusement les solutions disponibles sur le marché n’étaient pas adaptées aux besoins d’AMI. « Les robots ont souvent de très grosses lourdeurs en matière de programmation. Nous en avons acquis un, mais il est complexe et chronophage à mettre en route. Pour nous, c’était un handicap, car nous faisons de petites séries, de 2 à 50 pièces en moyenne ».

Et d’ajouter : « lors d’échanges avec Fronius, qui est notre partenaire depuis la création de l’entreprise, nous avons appris que ce dernier allait lancer un nouveau cobot de soudure. Et nous avons tenu à être les premiers à l’installer ! Chose faite donc et les résultats sont clairement au rendez-vous. La fonction Imite de soudure par copiage des F/i cobots répond parfaitement à nos exigences ». 

 Les flux tendus pour améliorer la satisfaction client et la rentabilité

La mise en place de la robotique au sein d’AMI a engendré de nombreux bénéfices côté production et relation client. « Passer à ce système de soudage robotisé permet déjà d’éviter les surstocks. Cela arrive souvent avec des gros robots plus classiques puisque, quand on passe des heures et des heures de programmation, on doit produire un maximum de pièces pour rentabiliser la programmation… Nos cobots sont quant à eux simples d’utilisation, aussi bien pour la programmation que pour les fixations grâce aux tables Siegmund. Tout cela nous a donc permis d’opter pour une stratégie du “juste à temps”. Maintenant il est presque possible de fournir aux clients le nombre exact de pièces dont ils ont besoin chaque jour pour leur montage ! »

Laurent Clairet indique avoir « aussi modifié nos process. Après un an d’utilisation des F/i cobots, nous nous sommes aperçus qu’il fallait que l’on change notre logique pour en maximiser l’utilisation. Il ne faut surtout pas chercher à faire une pièce complète. À la manière des soudeurs, il faut segmenter les pièces pour simplifier au maximum, augmenter les volumes que l’on passe sur le robot et optimiser la rentabilité ».

Le robot est un compagnon et pas un ennemi

Comme dans bon nombre de PMI, Laurent Clairet a dû rassurer les équipes et démontrer que l’utilisation de robots ne supprimait pas d’emploi. « Nous avons fait comprendre aux soudeurs que maîtriser ces technologies, c’était s’assurer un avenir serein en termes d’emploi. On réduit aussi drastiquement la pénibilité. En effet, les soudeurs adorent faire la première pièce mais au bout de la dixième c’est un peu rébarbatif. Donc la première c’est eux et la suite c’est le robot. Ainsi celui-ci devient leur compagnon et non leur ennemi ! C’est aussi un moyen de séduire les jeunes générations et d’assurer un avenir à nos métiers. Lorsqu’ils viennent visiter notre atelier, qu’on leur montre nos cobots et qu’on leur explique que le métier c’est maintenant d’être soudeur roboticien, ça change tout pour ces jeunes ! » 

“ Vraiment moi, j’y crois à 200% : aujourd’hui on a trois cobots et c’est prévu qu’on aille jusqu’à 10 ! La stratégie de l’entreprise est qu’à l’avenir, dans chaque box, il y ait un soudeur ET un cobot ! ” 

Laurent Clairet, dirigeant d’AMI (Atelier Métallurgique Industriel Neulise)

EQUIP PROD • N°135 Avril 2022